27 mai 2007

Parlons-en, entre programme et divorce


C’est un exercice pédagogique qui mérite d’être salué. En publiant
« parlons-en » Didier Reynders ne fait rien d’autre que de traduire l’essentiel de son programme sous une forme accessible. Une 100 aine de page qui ne révolutionneront pas la politique mais qui permettent aux curieux de savoir quels sont les projets du MR sans se lancer pour autant dans la lecture aride de tout le programme. Bizarrement (mais c’était un samedi) la présentation du bouquin à la librairie filigranes n’a pas attiré énormément de journalistes et risque de passer assez innaperçue.

La traduction des grands axes du programme libéral est globalement assez fidèle, même si l’on peut reprocher l’un ou l’autre oubli peut être pas tout à fait involontaires (par exemple l’idée de développer 2ième et 3ième pilier pour le financement des soins de santé figure bien dans le programme, pas dans ce résumé). Sans surprise on retrouvera dans « parlons en » un plaidoyer pour une baisse des cotisations sociales, l’idée d’instaurer des peines incompressibles, la possibilité pour les pensionnés de continuer à travailler s’ils le souhaitent, l'instauration d'un service minimum dans le secteur des transports en commun, etc.
L'ouvrage s'ouvre sur un chapitre consacré à l'enseignement. Ce n'est pas une surprise : depuis le début de la campagne le mouvement réformateur se décale sur les thèmes de la communauté française et de la région wallone. Position qui lui permet d'attaquer des bilans qui ne sont pas les siens et de passer sous silence 8 années de présence dans la majorité fédérale. Le MR suit ainsi la stratégie de Nicolas Sarkozy : tenter d'incarner une forme de rupture, alors que ses candidats ont tenu des rôles actifs dans la majorité sortante. Pour rappel le 10 juin les électeurs se prononcent pourtant exclusivement sur la conduite du niveau fédéral.
A noter également : une prise de distance implicite avec les écologistes purs et durs (Ecolo n’est pas cité) dans le chapitre consacrer au climat : « loin des effets d’annonce et des coups médiatiques, loin des prophéties d’apocalypse, le développement durable demande surtout le sérieux et le pragmatisme que seule une vision libérale et moderne, c’est à dire réformatrice, peut apporter ». Jean Michel Javaux appréciera.


Le parti le plus ouvertement critiqué est le parti socialiste , avec une phrase lapidaire sur le bilan de Laurette Onkelinx « la modernisation de la justice, c’est clair, n’a pas été menée à bien par le dernier gouvernement. Je dois le reconnaître. » et un paragraphe déjà bien rodé lors des discours de meetings, sur la situation carolo « Sur le plan politique, ce n’est pas de promesse éternelles et non tenues de rénovation d’un parti dont nous avons besoin. Ce n’est pas non plus de codes de bonne conduite ou de règle plus explicites. Les règles existent déjà, elles sont claires et connues de tous. Ce dont nous avons besoin, c’est de personnes et de partis fiables immédiatement, qui incarnent la rigueur et l’honnêteté et qui opèrent le vrai changement ».


A la lecture de ces lignes ont peut se demander si une reconduction de la coalition violette est encore bien réaliste. Ajoutées aux propos de d' Elio Di Rupo sur RTL TVI vendredi soir, ces lignes sonnent comme un constat de divorce avec le PS. Imaginer le "couple contre nature" se remettre ensemble dans ce contexte semble de moins en moins probable. Interrogé par mes soins samedi, Didier Reynders a préféré esquiver la question.

On peut bien sûr regretter la sortie tardive de l’ouvrage, en plein week end de pentecôte et 15 jours avant les élections c’est un peu court. Réponse de Didier Reynders : « il vous reste une semaine pour le lire, et une semaine pour en débattre ».


PS : je termine actuelement la lecture des 4 programmes, c'est très instructif et pense y revenir dès que possible.
"Parlons-en" est publié par Luc Pire.

3 commentaires:

pixeline a dit…

"Imaginer le "couple contre nature" se remettre ensemble dans ce contexte semble de moins en moins probable."

sauf s'il s'agit d'une stratégie concertée entre les 2 chefs de partis.
Tant le PS que le MR ont besoin de diaboliser l'ennemi pour éviter que le débat sur les vrais enjeux (notamment l'environnement n'est-ce pas) dans lequel les 2 partis sont clairement à la masse.
On veut donc nous vendre un pseudo-clivage gauche droite alors que ces deux partis s'entendent comme cul et chemise.
Ce qui vient de se passer à Charleroi ce week-end (Chastel ne tenant pas sa parole de déni de confiance si un nouveau scandale devait éclater) montre la limite de leur volonté de réforme.

Cet énième épisode montre que le mouvement réformateur est tout aussi conservateur que le PS: seul le pouvoir les intéresse.

Etienne Lambert a dit…

pour rire... tu pourrais signaler NB (nota bene) en lieu et place de PS... pour tes notes...

Anonyme a dit…

Il me semble qu'il faille apporter un léger correctif au commentaire de pixeline. Si Chastel n'a pas démissionné samedi dernier du conseil suite à l'inculpation de Demacq, s'est surtout car ils avaient obtenus de la part du Ps Carolo la démission immédiate de l'echevin inculpé; Dans la soirée: rebondissement, Elio lache un comminiqué comme quoi l'echevin resterait en palce sjusqu'à la rentrée (car une démission à 10 jours des élections ça la fout mal évidemment). Chastel avait été clair au soir des communales: si un membre du conseil est inculpé, il doit démissionner immédiatement. Le Ps avait remis son accord et les élus PS avaient d'ailleurs tous signé une lettre de démission non datée que le Président di Rupo s'était engagé à utiliser en cas de nouvelle inculpation. encore un déni de parole de la part d'Elio. Un de trop pour Chastel et ses comparses...