Au carrefour de la politique et de la culture... Belgique, Bruxelles, la communication, le pouvoir, les idées, le théâtre ou la musique ... le blog perso du journaliste Fabrice Grosfilley
26 juin 2006
Arcelor et Guy Dollé : les politiques ne diront pas merci
Arcelor est donc volontaire pour une union avec Mittal. Outre le russe Severstal le mariage de raison laisse quelques « cocus » sur le carreau. Le management d’Arcelor, Guy Dollé en tête, n’a pas fait preuve d’un grand sens de la nuance en s’opposant aux prétentions indiennes dans un premier temps. Pas de projet industriel, peu de rentabilité, une gouvernance douteuse : « Mittal c’est de l’eau de Cologne, alors qu’Arcelor produit du parfum » avait même lancé le patron du groupe européen. Aujourd’hui Guy Dollé est la première victime du rapprochement amical. S’il reste directeur général du nouveau groupe sa crédibilité est inférieure à tous les cours de bourse de la plus mauvaise entreprise sidérurgiste. Dans sa chute, le patron entraîne ceux qui l’ont bruyamment soutenu lors de l’annonce de l’OPA : les autorités françaises et surtout Jean-Claude Juncker, premier ministre luxembourgeois qu’on a connu mieux inspiré. Dénoncer Mittal hier et le trouver fréquentable aujourd’hui relève de l’amnésie.
De ce point de vue les autorités wallonnes peuvent se targuer d’avoir vu clair. A aucun moment le gouvernement d’Elio Di Rupo (propriétaire de 2,4% du capital d’Arcelor) n’a pris parti pour ou contre Lashki Mittal. Cela lui évite des contorsions pénibles.
Les Wallons en revanche auront beaucoup de mal à expliquer à l'opinion publique pourquoi ils ont couvert les 2/3 de leurs actions par une assurance limitant les risques à la baisse comme à la hausse. Dix millions d’actions aujourd’hui détenues par la région pourraient ainsi passer en janvier 2008 dans les mains de la banque suisse qui a proposé la garantie… au prix maximum de 18,56 euros par action. Au cours actuel (37 euros par action ce lundi soir) cela représente un manque à gagner de l’ordre de 200 millions…
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9 commentaires:
"Mittal c’est de l’eau de Cologne, alors qu’Arcelor produit du parfum » avait même lancé le patron du groupe européen"
Au titre de la parenthèse et sauf erreur de ma part, le groupe Mittal Steel est basé à Rotterdam et est donc aussi une compagnie européenne....
NB: excellente information que celle de l'assurance prise sur les variations de cotations, merci...
NB: excellente information que celle de l'assurance sur les variations de cotation, merci...
Je ne vois pas en quoi les autorités wallonnes auront du mal à expliquer le fait d'avoir pris une assurance contre la baisse (et donc aussi la hausse) des actions Arcelor. Certes ce n'est pas de bol, mais on ne va pas tt de même pas reprocher au gvt wallon d'avoir agi en bon père de famille.
Je suis assez d'accord avec Julien. Vous devez remettre cette information en perspective avec l'époque où la décision a été prise. On a reproché pendant très longtemps à Maystadt l'affaire des swap.
D'ailleurs rien ne dit que la capitalisation du futur groupe soit très stable. On en reparlera en 2008. Et si d'aventure le cours de l'action était descendu en dessus de montant pivot et que la Région n'avait pas pris cette assurance, on parlerait tout de suite de malgouvernance.
La question n'est pas de dire que la Région wallonne a eu tort de prendre une assurance pour faire face aux variations du cours, ce serait jouer au corbeau gratuitement, en vain, tout comme il me semble évident que ce n'était pas l'objectif de Fabrice Grosfilley.
Par contre, on peut se demander légitimement s'il appartient vraiment à l'Etat (ou à toute collectivité publique) d'investir à la base dans des placements à risques. Certes, la région wallonne s'en sort "mieux" que mal mais in fine, qu'a-t-elle gagné dans une telle opération ? Rien...et encore moins la garantie de l'emploi.
Même Serge Kubla, invité de Bel RTL ce matin, a refusé de polémiquer à ce sujet. Il ne reprochera pas au gouvernement wallon d'avoir été prudent.
Est-ce aussi le rôle de l'Etat d'investir dans des secteurs industriels pour maintenir l'emploi ou doit-il plutôt favoriser les conditions suffisantes permettant d'attirer les investissements économiques privés ?
Il revient aux services publics d'assurer ces deux missions me semble-t-il... Pour se convaincre de cette double mission, il suffit considérer les cas d'Eli Lilly... De quoi redouter le diktat économique des entreprises multinationales...
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