08 juin 2007

Cher électeur (résumé de campagne)



Cher électeur,

Quelle chance nous avons eu de vivre une campagne aussi passionnante. Quel débat d’idée, quel respect pour les adversaires, quel conscience des enjeux qui se jouent dans cette élections. Et pour finir quel sens de l’intérêt général. Il faut le dire bien fort. Jamais en Belgique nous n’avions eu une aussi belle campagne.

Vous ne me croyez pas. Je reprends quelques uns des thèmes développés ces dernières semaines.

Comment financer les pensions, faut il repousser l’âge de la retraite, par exemple pour les fonctionnaires ?
Faut-il imposer un service minimum pour les jours de grève ?
Doit-on prévoir une discrimination positive pour que les personnes d’origine étrangère aient les mêmes chances que les autres ?
Comment réformer la justice pour qu’elle soit plus rapide ?
Quelle est notre identité nationale, faut il un drapeau dans chaque famille ?
Doit-on mettre des policiers à l’intérieur des écoles ?
Pour que les entreprises crée de l’emploi faut il qu’elles puissent licencier plus facilement ?
Faut-il un jury citoyen pour juger de l’efficacité des politiques publiques ?
Doit-on permettre l’allongement du temps de travail ?
Quelle est la place de notre pays dans le monde ?

Bon vous l’avez compris là je vous parle de la campagne électorale française. C’est vrai quelle fût passionnante. Mais là je suis un peu de mauvaise foi, parce que nous avons eu une vraie campagne belge. C’est vrai elle a démarré tard, mais elle a démarré fort.

« Vous restez dans la majorité communale à Charleroi, vous n’avez pas de courage. »
« Vous êtes partis vous n’avez pas de cran. »
« Corrompus. »
« Girouette. »
« Poule mouillée. »
« Viens débattre avec moi si tu l’oses, c’est quand tu veux. »
« Moi je vous signale que je travaille en équipe. »
« Voter pour Y c’est voter Z. »
« Attendez, attendez, pas de convergence, moi je en suis pas plus près de Z que de X. »
« Et si Nicolas a gagné c’est que je vais gagner aussi. »
« Evidemment je note que les médias nous sont défavorables. Si nous perdons ce sera de leur faute. »
« Vous n’avez pas vu ce ministre ? Il est surement au bar… »
« Nous on a un plan, parce que ce qu’il faut c’est donner confiance aux gens. »
« S’il vous plait, je ne vous ai pas interrompu laissez moi continuer. »

Bref cette campagne ressemble à un match de boxe. En tout cas c’est le sentiment que vous, chers électeurs, vous pourriez avoir. Mais, je suis au regret de vous annoncer que vous vous trompez. La politique en Belgique ce n’est pas de la boxe, c’est du catch. Car la boxe c’est à deux. En Belgique, la politique c’est un match à 4. Voir même à 5. ET au catch comme vous le savez il peut y avoir beaucoup de chiqué.
L’avantage du catch électoral cher électeur c’est que vous êtes à la fois l’arbitre et le spectateur. Pour une fois les enjeux sont réellement ouverts. Impossible de prédire avec certitude qui va gagner qui va perdre. Après demain, vous pourrez choisir votre meilleur catcheur. Si le spectacle du ring ne vous a pas plus, c’est qu’il peut être temps que vous jetiez un coup d’œil du coté des programmes.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

M. Grosfilley, n'avez-vous pas votre (petite) part de responsabilité dans ce sombre constat? Vous avez animé plusieurs débats récemment. Vous n'avez guère frappé du poing sur la table pour recentrer le propos sur le débat d'idées. Bien sûr je ne vous vise pas personnellement. Vous n'êtes pas le seul, c'est pareil en face. Mais la crise du politique s'accompagne à mon sens d'une vraie crise du journalisme politique, pas assez offensif, trop "porte micro", fade voire insipide pour tout dire. On se demande parfois si vous (les journalistes politiques) maîtrisez les dossiers que vous abordez. Avez-vous réellement le sentiment de faire votre travail de vulgarisation des grands enjeux politiques? J'aimerais vous lire sur cette réflexion.

Unknown a dit…

Votre question est pertinente. Je vous renvoie à ce billet : http://ruedelaloi.blogspot.com/2007/05/il-faut-sauver-la-politique-belge.html

Si j'en ai le temps je réactualise ma reflexion sur le sujet dans les prochaines semaines.
En précisant que les débats ne sont pas seuls en cause, les reportages doivent également faire partie de votre interrogation.

Anonyme a dit…

c'est en voyant les citoyens poser leurs questions aux hommes politiques dans face aux belges que l'on se rend compte du fossé qui sépare l'homme politique et l'homme de la rue. Pitoyable spectacle de ceux qui veulent nous gouverner mais qui sont incapables de répondre clairement aux questions simples qui leurs sont posées... C'est une bonne initiative. Les citoyens font la politique et il est grand temps que l'homo politicus s'en rende aperçoive. Une question tout de même pourquoi les partis sont ils incapables de jouer la franchise ? Sommes nous tous des enfants ?

Anonyme a dit…

Une petite remarque sur votre blog M. Grosfilley :

Je trouve la démarche et les billets très intéressant, mais néanmoins à mon sens il y a tout de même un manque... Jamais vous n'abordez des situations, paroles, événements qui se passent dans des débats orchestrés par la chaine concurrante, à savoir la RTBF. Bien sûr qui dit concurrant dit adversaire, mais je trouve qu'en tant que journaliste politique s'exprimant (librement?) sur un blog, vous pourriez abolir les barrières pour l'Intérêt Général des citoyens, l'information la plus complète avec un soupçon d'insolence commevous savez le faire.

Bonne journée, et j'espère que vous ferez le bon choix dimanche... Je n'en dirai pas plus...

Vive la Belgique

Anonyme a dit…

Heureusement que vous nous avez expliqué pourquoi le sondage qui indiquait que le MR dépasserait le PS était faux et qu'il ne visait qu'à faire de la pub à un nouvel institut de sondage... que RTL ferait peut-être bien de consulter à l'avenir.

Anonyme a dit…

Auriez-vous l'amabilité de mettre à disposition des internautes cette surréaliste interview 'à chaud' d'Elio Di Rupo par votre collègue d'RTL-TVI vers 18h30 ce dimanche ?

Souvenez-vous, il s'agit de cette magnifique "mise-en-zen" de l'appareil à écran de fumée Di Rupiste où le héros revient de l'Aspria à pied et en bras de chemise et fait mine de n'être au courant de rien.

Elio : "- J'attends de voir les résulats, je suis détendu, je ne suis au courant de rien, j'étais à la salle de sport, ..."

RTL : "- vous êtes vraiment TRES détendu !"(comprenez : "vous vous foutez vraiment TRES fort de la gueule des gens !")

Elio : "- comment voulez-vous que je ne sois pas détendu, je reviens de la salle de sport"

Un vrai moment de bonheur qui détrônerait pour-sûr Michel Daerden sur Youtube si vous vouliez bien le mettre en ligne. Je cherche en vain sur le site en boucle de votre employeur.

C'est drôle à deux points de vue, d'une part parceque ces clubs gauche caviar sont truffés d'écrans télés, jusqu'à les intégrer sur les machines de fitness. D'autre part parcequ'il a du y croiser un autre politico-sportif écarté pour dopage : Jacques Van Den Haute, qui n'en finit pas de faire le hamster sur les tapis roulants de l'Aspria depuis que Willem Draps lui fait des misères.

Anonyme a dit…

Ce matin sur la Première, M. Leterme était interrogé par une auditrice: "Quelle est la capitale de la Flandre?".
Réponse de M.Leterme: "Bruxelles".

...

Tout un programme.