« Les élections du 10 juin démontrent au moins une chose : Didier Reynders n’a pas besoin de belle mère ». La phrase émane d’un membre de l’équipe qui travaille rue de la toison d’or. Elle exprime un changement d’état : le 10 juin Didier Reynders a conquis une autonomie et une autorité que certains membres du MR étaient parfois tentés de lui contester. Le président du MR, susceptible de perdre beaucoup dans l’aventure électorale, a donc tout gagné. Il est devenu le patron incontestable du mouvement.
Qui est la «belle mère » visée par par mon interlocuteur ? Louis Michel, bien sûr. On a senti dans cette fin de campagne combien le commissaire européen entendait rester présent sur la scène belge. La parenthèse européenne doit dans son esprit prendre fin en 2009 et l’homme fort de Jodoigne n’excluait pas jusqu’il y a peu de revenir avant si l’état du pays l’exigeait. Au mieux 2007 lui aura permis de se rappeler au souvenir de ses supporters. Au pire, le retour piteux à la fonction pourtant estimable de commissaire peut être considéré comme un faux pas. Evoquer un éventuel « signal des électeurs » chiffré à 100 000 voix en cours de campagne, pour l’oublier quelques semaines plus tard peut passer pour de la surdité.
La décision de Didier Reynders d’endosser lui même la fonction d’informateur du roi peut donc être interprétée de deux manières :
- Soit le patron du MR est assuré de la validité de la combinaison orange bleue, et il s’assure ainsi une belle visibilité dans un exercice qu’il juge sans risque majeur (ce qui n'empêche pas quelques musculations nécessaires pour justifier des compromis).
- Soit la formation du gouvernement reste difficile, mais Didier Reynders a estimé que l’ascendant sur ses troupes que lui confère la fonction d’informateur l’emportait sur le risque de devoir endosser un éventuel échec. Il aura ainsi chercher à "tuer sa belle-mère".
En agissant de la sorte « Super Didier » se fixe une obligation de résultat. Si en octobre, pour la rentrée du parlement, aucun gouvernement n’est formé, l’hypothèse Louis Michel ressortira. Les belles-mères ont parfois la peau plus dure qu’il n’y paraît.
1 commentaire:
J'aime beaucoup vos analyses, mais parfois j'ai l'impression que vous allez trop loin dans la réflexion.
Il me semble que Didier Reynders a la main et l'autorité voulue au sein du MR pour prendre les décisions.
Quand M. Michel était le chef du parti, M. Reynders restait à sa place. Quand en 1999, Louis Michel, Président du PRL, est devenu informateur, personne n'a pensé à dire que cette fonction aurait pu être dévolue à Didier Reynders.
Pourquoi alors envisage-t-on l'inverse en 2007?
Didier Reynders est le Président du MR, celui qui a mené à bout de bras la campagne, celui qui a pris des risques en choississant l'affrontement (autant vis-à-vis des autres partis qu'en interne, puisqu'on l'attendait au tourant) et surtout celui qui a gagné.
Pourquoi dès lors aurait-il dû laisser la fonction d'informateur à quelqu'un d'autre, qui qu'il soit?
Trouvez moi un être humain normalement constitué qui aurait eu une autre attitude dans ce contexte!
Je suis de tendance libérale, j'apprécie en général les prises de position de Didier Reynders et de Louis Michel, mais il me semble que ce dernier a plus tendance à mettre en avant son amour-propre que l'intérêt commun du MR.
Il est décevant. Il a été le chef, il ne l'est plus. Ce n'est pas pour ça qu'il n'a plus de place, mais pourquoi veut-il à tout prix prendre une place qui n'est plus la sienne et que quelqu'un d'autre assume parfaitement?
La mission d'informateur, en admettant qu'elle revenait à MR, était tout naturellement pour Didier Reynders. Un peu de bon sens et on se rend compte qu'il n'en a jamais été autrement, sauf pour quelques journalistes et pour Louis Michel...
Il ne me donne pas l'impression d'être une belle-mère, mais plutôt quelqu'un qui n'est pas encore aigri, mais proche de le devenir s'il continue sur ce chemin!
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