Au carrefour de la politique et de la culture... Belgique, Bruxelles, la communication, le pouvoir, les idées, le théâtre ou la musique ... le blog perso du journaliste Fabrice Grosfilley
31 décembre 2007
Bonnes résolutions
- Un gouvernement tranquille, qui prépare ses dossiers bien à l’avance et prend soin de donner toute l’information aux journalistes
- Des ministres de bonne humeur qui ne pensent pas que s’il leur arrive malheur c’est de la faute de la presse qui, forcément, roule pour leur adversaire
- Des contrôles budgétaires qui ne se déroulent plus la nuit, surtout celle du dimanche au lundi
- Des conférences de presse qui commencent à l’heure et de préférence pas 30 minutes avant le journal télévisé
- Des communiqués clairs ou l’on n’est pas noyés sous des chiffres invérifiables
- Un passage de relais sans anicroches entre Guy Verhofstadt et Yves Leterme de préférence avant les vacances de pâques qu’on puisse profiter des cloches tranquilles
- Pas d’élection (enfin moi je veux bien mais ma rédaction n’a pas le budget pour, donc…)
- Tant qu’on y est : le bonheur pour tous, la santé, et un climat clément
- Quoi, je rêve ?
20 décembre 2007
Spécial copinage et bonne année
Mes amis du car satellite de RTL ont donc commencé un recensement des restos sympas et peu onéreux qu'ils découvrent aux quatre coins de la belgique. Cela peut servir. Ne vous étonnez pas si les adresses sont situées à proximité d'un haut lieu de la vie politique ou vous rappellent l'un ou l'autre fait divers...
Tant qu'à faire des recommandations je vous indique également que je me suis beaucoup amusé en allant voir "sois belge et tais toi". J'avoue avoir ressenti un léger malaise en seconde partie de spectacle tant les charges communautaires sont lourdes (quand une salle siffle la caricature d'Yves Leterme, cela ne veut pas dire que la caricature est mauvaise, mais le signe que les opinions publiques se radicalisent excessivement et dangereusement). En revanche la première demi heure est vraiment exceptionnelle. Et Beaudoin Remy en Elio des salles de gym est irrésistible.
Guy Verhofstadt et le miracle de Noël

En milieu de soirée tous les clignotants étaient donc repassés au vert (bien que le verts ne soient pas là justement, j’y reviens dans quelques lignes). A 1h30 sms du porte parole du premier « de premier heeft de situatie gedeblokkeerd ». Série de sms pour confirmer et coup de téléphone avec l’équipe de reportage (les courageux) qui campe au CDH : « oui, ils sont toujours là, non Joëlle n’a pas encore parlé, ça fait 3 heures que tu nous dit de rester-3ième bip de censure- quand est-ce qu’on va se coucher ? ». Bon, le temps de me rendormir il était 3 heures, mais on a pas un gouvernement tous les jours.
A première vue ça ressemble donc à un miracle de Noël qui aurait juste une semaine d’avance. Avec Guy dans le rôle du créateur, Joëlle en vierge Marie (« j’ai rien demandé, je vous jure, on l’a voulu pour moi, mais quelle responsabilité »), Didier en Joseph (il est là tout le temps mais la conception du miracle lui a un peu échappée) Yves, Jo et Elio en costumes de roi mage (manque un Melchior, je sais pas si vous avez remarqué). Bon je m’arrête là car je sens que je suis à la limite du blasphème.
A première vue aussi ça ressemble à un triumvirat. Guy n’aura que deux vice-premiers ministres, qui de plus piloteront désormais la formation du gouvernement définitif (notez que deux pilotes dans un F16 c’est le crash assuré). Mais il faut se méfier des apparences. Si PS, CDH et VLD n’ont pas de vice-premiers ils seront bien présents en Kern (le conseil restreint où tout se décide) et devraient même bénéficier de « cabinets vice premier » (un cabinet élargi qui permet d’avoir des collaborateurs dans toutes les matières gouvernementales, histoire de suivre le travail des collègues et de préparer les grandes décisions). Il y a un précédent : Magda Alvoet pour Agalev n’était pas vice première ministre non plus, mais elle assistait au kern de l'arc-en-ciel quand même.
Ces deux « vice-premiers » ne vont pas avoir la vie facile. Yves Leterme n’a toujours pas sa réforme de l’état, et il lui reste trois mois pour la trouver, ou faire semblant de la trouver en espérant que la NVA de Bart feindra de croire que c’est vrai. On peut voir la mention d’une date pour passer de l’intérim au définitif et de Guy à Yves (le 23 mars) de deux manières : soit Guy s’est vraiment engagé, soit Yves s’est laissé enfermé dans une date. Beau piège, même s’il vaudrait être fou pour ne pas respecter la parole donnée dans un cas pareil, car ce serait la crise assurée.
Didier Reynders termine la période de formation dans un état moins flamboyant qu’il ne l’avait commencée. Dans la nuit de mardi à mercredi le président du MR a bien du accepter la large coalition francophone qu’il récusait quelques heures plus tôt. La reculade nocturne était devenue incontournable après la demande publique du CD&V d’intégrer le CDH dans la coalition (je vous signale au passage que la période de Noël est propice aux réunions de familles qui, souvent, s’ignorent le reste de l’année). Le président du MR, qui aurait pu être l’homme fort de l’orange bleue s’est retrouvé isolé. Et même s’il garde une partie des manettes en main il doit faire face à un front PS-CDH réel. Ce sera problématique pour 2009 : à l’exception d’Ecolo le président du MR n’a que des adversaires face à lui et ne peut, à ce stade, guère envisager de stratégies d’alliances susceptibles de lui ouvrir les portes de la région wallonne. On peut gagner les élections seul contre tous. Gouverner exige en revanche des compromis et des alliances, pas un flingage permanent. Mais il peut y avoir d’autres miracles d'ici aux régionales.
Elio Di Rupo, dont on aurait pu penser qu’il allait bientôt avoir son avenir derrière lui (l’avant dernier baromètre RTL-La Libre n’était pas bon) opère un rétablissement spectaculaire. En position de nommer des ministres, un président du PS est toujours plus influent. Je sous signale au passage aussi qu’ Elio a ressorti son nœud papillon et son costume d’homme d’Etat qu’il affectionne tant. Mais le PS devra affronter un SPA dans l’opposition. Schizophrénique.
Joëlle Milquet doit faire face à une grogne interne : 6 mois de bataille pour un seul poste ministériel est un maigre butin, surtout si vos « partenaires » annoncent eux même le nom du lauréat, ce qui laisse penser qu’il a fallu négocier une nomination qui est habituellement l’essence d’un pouvoir présidentiel. De plus Joëlle va de nouveau retrouver ses amis Bart et Didier (on ne sait pas lequel elle préfère) au mois de janvier, ce qui va la mettre encore dans des états pas possibles. Mais son boom dans les sondages devrait la consoler.
Les verts, seuls gagnants de l’élection (Ecolo était passé en juin de 4 à 8 sièges) n’entreront pas au gouvernement. Et à dire vrai on les a senti un peu hors du coup. Il n’est pas exclu que l’on fasse quand même appel à eux un jour ou l’autre : avec 101 sièges la nouvelle coalition gouvernementale dépend des voix de la NVA et du FDF pour atteindre la majorité des deux tiers, c’est un dépendance assez inconfortable. Mais les écolos ne sont pas le seuls à être à même de faire l’appoint, le SPA s’étant également déclaré disponible. Seul dans l’opposition le parti vainqueur doit ruminer. D’autant qu’une progression en 2009 ne lui ouvrira pas forcément les portes du pouvoir non plus.
Le seul vrai gagnant est donc Guy Verhofstadt qui a réussi en une nuit ce que tous les autres n’ont pas réussi en 6 mois : transformer une situation de blocage en compromis, grâce à un peu d’enthousiasme et une bonne idée (ne pas aller sur les plateaux de télé). Super Guy a donc sauvé la Belgique du ridicule, permet à tout le monde de ne pas vivre ce traumatisme redouté d’un premier de l’an sans gouvernement, laisse en selle pour la suite Leterme et Reynders tout en préparant l’avènement du premier nommé avec l’arrivée des cloches de Pâques. Beau lapin sorti d’un chapeau magique ce gouvernement Verhostadt III est donc un gouvernement de transition qui s’autodétruira au quatrième bip (il n'est pas exclu que ce bip là soit une motion de censure si la formation du gouvernement définitif tourne au vinaigre). Rien d’autre. Mais au passage Guy se repositionne sur la scène européenne, et on ne sait jamais, des fois qu’un poste se libère…
17 décembre 2007
Ducarme prend de la hauteur

Bref, du costaud. L’initiative est bienvenue. Au moment où les négociations gouvernementales s’enlisent dans les querelles de personnes et les stratégies à court terme il était temps qu’un élu teste quelques idées institutionnelles. Que ce soit Daniel Ducarme n’étonne pas. D’abord parce que son statut (ancien président fondateur du MR, ancien ministre président Bruxellois, aujourd’hui simple député, après avoir affronté le fisc et un cancer) le lui permet : en d’autres termes cet homme possède la liberté de parole de ceux qui n’ont plus rien à perdre et qui ne courent plus vers d’hypothétiques trophées. Ensuite parce queDaniel Ducarme, souvent confronté à Hervé Hasquin, ne déteste pas montrer qu’il est aussi un « agitateur d’idée » et peu, au besoin avoir du souffle. Je me souviens l’avoir vu en vacances relire Tocqueville. Enfin, 3ième raison, parce que Ducarme nourrit une vrai passion pour la France, ses valeurs et son système politique. Qu’il souhaite s’en rapprocher n’est donc pas une surprise.
Le petit déjeuner de la discorde
Au cours de ce petit déjeuner les intervenants vont régulièrement faire référence à l’année 1980, au cours de laquelle, sous l’égide de Wilfried Maertens, les 3 familles vont préparer ensemble une réforme de l’état.
Didier Reynders pour le MR indique que pour souscrire à un tel scénario il lui faut des assurances sur le programme d’un tel gouvernement ou à un défaut un gage de confiance. Une partie de la conversation va ensuite tourner autour de l’entrée du MR dans les gouvernements régionaux et communautaires. Guy Verhofstadt, tente une médiation en indiquant que si le MR doit consentir à la montée de plusieurs partenaires au fédéral il est juste, selon lui, que les libéraux francophones puissent en compensation obtenir leur place dans les majorités régionales. Joëlle Milquet puis Elio Di Rupo estiment que les deux échelons sont découplés et qu’une telle compensation n’a pas de raison d’être. Par la suite il sera question d’une entrée du MR « différée » , d’abord à pâques puis en 2009. CDH et PS refusent de prendre un engagement en ce sens.
La présidente du CDH interroge ensuite Guy Verhofstadt sur la position du SPA. Le premier ministre fait savoir que les socialistes flamands ne semblent pas disponibles malgré plusieurs tentatives d’approches. Didier Reynders, souhaitant toujours un gage de confiance de ses partenaires se heurte alors de nouveau à un discours commun du CDH et du PS. A l’évidence Joëlle (qui parle en premier) et Elio ont préparé l’entretien. Didier Reynders quitte alors le petit déjeuner, visiblement fâché. Verhofstadt poursuit la conversation quelques instants avec Joëlle Milquet, Elio Di Rupo et Jean-Michel Javaux. Le président des écologistes indique alors à ses interlocuteurs qu’il n’est pas particulièrement demandeur d’une entrée dans les gouvernements régionaux et communautaires. Fin de la réunion. Le premier ministre n’a pas réussi à mettre les francophones d’accord.
12 décembre 2007
Le MR peut-il se risquer à l'opposition ?

Problème depuis lundi le MR fait savoir urbi et orbi son peu d'enthousiasme pour la formule, surtout pour sa large composante francophone. Pour l'instant les libéraux s'en tiennent à un laconique " discutons du programme d'abord" mais on sent bien que le coeur n'y est pas.
Ce week end les réformateurs ont été tentés d'échanger leur soutien à la formule contre une entrée dans les gouvernements régionaux (l'information m'est confirmée à plusieurs sources dont certaines sont libérales, mais personne n'accepte de l'évoquer face caméra). Un "donnant-donnant" dont le PS et le CDh ricanent encore : l'hypothèse a fait long feu.
Pour le MR la situation est donc délicate : le pari de l' "orange bleue" a échoué, le poste de premier ministre semble acquis, pour l'instant, à un candidat flamand, et ses principaux concurrents électoraux (PS et CDH) ne sont pas écartés du pouvoir. Pire : il faut imaginer ce que donne la configuration "union nationale" en terme de mandats : le MR risque de n'avoir que 2 postes ministériels (en plus de la présidence du sénat)... soit autant que le PS (moins même si l'on doit prendre en compte le siège de commissaire européen). Ajoutez l'obligation de soutenir une réforme de l'Etat, et un programme socio-économique que les socialistes voudront "gauchiser" et les verts "ecologiser" (excusez ces néologismes). Bref, pas la formule gagnante.
Votre carte visa a-t-elle un goût de NVA ?
08 décembre 2007
Elio ramène Joëlle dans la coalition

07 décembre 2007
En attendant Yves Leterme
06 décembre 2007
Montrez-vous sur Facebook

Les hommes politiques ont compris l’intérêt de la chose. Etre sur facebook s’est mettre le pied dans un réseau où l’on peut faire passer ses infos, et surtout profiter d’une image techno, jeune et dynamique.
Sans surprise Elio Di Rupo a donc une présence militante sur Facebook et compte 277 amis à son actif.
Jean Michel Javaux, ecolo, 156 amis, affirme que l’outil est "passionnant".
Didier Reynders, sa vraie fiche est ici, compte 10 amis dont son frère et sa sœur. Joëlle Milquet n’a pas encore investi ce territoire (« toute modernité n’est pas toujours bonne à prendre » m’a répondu son porte parole visiblement peu intéressé par la chose). Plus amusant : les amitiés des uns et des autres. On notera que jean Michel Javaux est l’ami d’Anne-Marie Lizin. En revanche Elio et Didier, sur facebook, ne se sont pas rencontrés.
Coté flamand, un belle page pour Guy Verhofstadt, en revanche les profils d’Yves Leterme que j’ai trouvé ne semblent pas émaner de l’ex-formateur (glissons qu’il a peut être plus de temps pour jouer du clavier maintenant).
C’est un peu le problème et la limite de l’outil : sur Facebook on n’est pas toujours certain de l’identité de son interlocuteur. Un conseiller du ministre des finances m’indiquait la semaine dernière qu’il avait repéré 3 faux Didier Reynders. Cela peut être ludique, mais aussi dangereux. Méfiez vous donc des imitations.
04 décembre 2007
Pour son retour, Guy soigne les journalistes
La fin de l'orange bleue ?

03 décembre 2007
Une mission camouflage
01 décembre 2007
Comment Leterme a coincé le CDH
- Le formateur demandait à ses partenaires s'ils étaient d'accord pour que l'on puisse discuter de tout au sein de la Convention et du bureau restreint qui la dirigerait. Cela revenait à avoir un menu ouvert, où chaque parti pouvait à tout moment amener ses points. Le CDH avait fait part de ses réticences à un menu ouvert. Le MR l'envisageait e revanche comme possible, prévenant que dans ce cas là les réformateurs y déposerait le point "élargissement de bruxelles". bien entendu le fait de déposer un point n'est pas une obligation de résultat
- Acceptaient-ils que les Régions puissent octroyer des incitants fiscaux aux entreprises ? Là aussi le CDH avait publiquement fait part de ses réticences pour tout mécanisme susceptibles de créer de la concurrence entre les régions (si je ne me trompe pas c'est même rappelé noir sur blanc dans un communiqué de la semaine dernière). Pour le MR le seul tabou était l'Isoc (impôt sur les sociétés). L'appellation retenue ici était donc acceptable pour les libéraux.
- Les ex-futur coalisés acceptaient-ils que l'on vote la réforme de l'Etat avec une majorité des deux tiers sans garantir un équilibre entre francophones et néerlandophones ? Dans ce cas un seul parti francophone allié à tous les partis flamands pourraient constituer une majorité des deux tiers. Joëlle Milquet avait publiquement dit qu'elle voulait une majorité des deux tiers"équilibrée". Le MR était moins franc mais semblait partager le même point de vue (je me permet ici une parenthèse : en combinant les points 1 et 3 on voit qu'une grande réforme de l'état devenait possible). Ici encore, le CDH avait déjà répondu non avant même que la question ne soit formulée.
Bref, c'est évident Leterme et son entourage savaient pertinemment qu'ils ne pouvaient pas obtenir de"oui" à ces trois questions de la part du CDH. De même qu'ils avaient sans doute mesuré que le MR était plus ouvert à ces questions. Conclusion : le formateur a voulu faire porter la responsabilité de l'échec à Joëlle Milquet, et épargner Didier Reynders.
Suite logique : le CD&V devrait selon toute vraisemblance passer la main dans les prochains jours et le roi se verra obliger de recruter un nouveau formateur. Après Guy Verhofstadt, reçu ce samedi soir, Didier Reynders sera consuté ce dimanche. Il ne serait pas étonnant que le président du MR se retrouve en costume de formateur dans les heures ou les jours qui viennent.
Avec quelle coalition ? Mathématiquement (et à moins de travailler avec le VB) le CD&V est inévitable. Pas le CDH. Et même si Reynders prétendait bouter les rouges dans l'opposition, la longueur de la crise et l'impasse où nous nous trouvons peut tout à fait justifier le retour du PS dans la partie. Il va falloir que l'avenue de la toison d'or et le boulevard de l'empereur se téléphonent.
24 novembre 2007
Il est minuit moins cinq pour Yves Leterme

Voir le reportage
20 novembre 2007
De l'ouverture à l'essai

L’honnêteté impose également de dire que la position du président du MR, plutôt bien accueillie par le CD&V et le VLD n’est pas encore synonyme d’une sortie de crise. Car la NVA, le FDF et le CDH ont tenu à prendre leurs distances (ce qui n’est pas rien). Il n’est pas exclu que ces formations s’engouffrent malgré tout à terme dans la brèche ouverte. Prendre le risque de refuser l’ouverture c’est, alors que le ras le bol semble gagner du terrain dans l’opinion publique, prendre le risque de passer pour un facteur de crise. Le CDH n’y pas forcément intérêt (c’est plus discutable pour le FDF et surtout pour la NVA).
Permettez-moi cette métaphore empruntée au ballon ovale. Au rugby le demi d’ouverture (ici Didier Reynders) a pour mission d’extraire le ballon de la mêlée. C’est un rôle crucial. Un bon demi d’ouverture se doit ensuite de faire « vivre son ballon », et a la redoutable tâche d’orienter le jeu. Si le demi d’ouverture est bien inspiré et si le « collectif fonctionne » (le rugby comme une formation de gouvernement est un jeu subtil où les qualités individuelles doivent s’inscrire dans un effort collectif) le ballon est alors transmis au ¾ qui lancent un ailier qui file, si tout va bien, jusqu’à l’essai. Si cela ne marche pas il y a de fortes chances que l’un des membres se retrouve plaqué au sol, que le ballon ne « vive plus », et que le jeu étant à nouveau bloqué l’arbitre ne siffle une nouvelle melée.
14 novembre 2007
Trucs et ficelles de la négociation, épisode 2

Au paroxysme de la crise, dans les heures qui ont précédées et suivies le vote des partis flamands en commission de l’intérieur il régnait une agitation inhabituelle rue de la loi. La présence de dizaines de journalistes belges et les éditions spéciales proposées par les télévisions y sont pour quelque chose, c’est entendu. Ajoutez une dizaine de caméras de TV étrangères, et la zone neutre prenait tout à coup des airs de quartier de l’Elysée un soir d’élections présidentielles. Les hommes politiques ont bien compris l’avantage à en tirer. Olivier Maingain, Didier Reynders (2 ou 3 fois), Bart de Wever et Joëlle Milquet sont donc passés à un moment où un autre devant la meute des journalistes pour lâcher l’une ou l’autre petite phrase. On même vu des élus qui visiblement désireux de passer par la « case caméra » ce jour là empruntaient le trottoir de la rue de la loi pour se rendre de la présidence de la chambre à une salle de commission… Ah bon, c’est un détour ?
Au dessus de la mêlée
La veille du fameux vote Yves Leterme quitte précipitamment le 10 rue de la loi. Justification : le formateur ne souhaite pas participera la délibération flamande qui aboutira à la décision de voter la proposition de scission. La ficelle est grosse, mais Leterme a compris que ce geste symbolique lui permettait de prétendre rester au dessus de la mêlée… et de ne pas galvauder ses dernières chances de migrer un jour vers le 16. Problème : comment faire savoir qu’on quitte la réunion, sans être l’auteur d’une fuite ? Une sortie en voiture était trop risquée (cela va trop vite pour un moment où l’attention des journalistes s’est relâchée, et pour être franc, l’auteur de ces lignes avaient même jugé le moment suffisamment creux pour aller chercher un sandwich). Stratagème utilisé pour contourner la difficulté : le formateur est sorti à pied avec son porte-parole, pour gagner la voiture de celui-ci garée une centaine de mètres plus loin. Vous avez eu le temps de mettre en route vos caméras ? Ce soir là Leterme n’a rien dit, mais il était sûr que l’image de sa sortie existait…
10 novembre 2007
Faut-il tuer l'orange bleue ?

La coalition associant libéraux et sociaux chrétiens est la plus légitime politiquement. Elle n'est pas mathématiquement la seule possibble. Depuis la mi août l'orange bleue est en soins intensifs. L'intervention des docteurs Van Rompuy et Albert II aurait pu aider à trouver la voie de la guérison mais le malade refuse de suivre les prescriptions proposées. La patience des belges est à bout. Il est temps de mettre fin à l'acharnement thérapeutique.

Voir ici la déclaration intégrale du CD&V.
09 novembre 2007
La grande Bénédicte
Bénédicte Vaes avait le sens du contact et du respect. Face au journaliste relativement inexpérimenté que j’étais en débarquant dans les négociations interprofessionnelles il y a une dizaine d’année elle aurait pu me prendre de haut (au sens propre comme au sens figuré). Ce fût le contraire : discussions, parfois passionnées, toujours intéressantes. Les longues heures d’attente dans le hall de la FEB furent avec elle beaucoup moins longues. Bénédicte avait un grand sens de l’humour et de l’ironie, ce qui ne gâche rien.
Il y a quelques années Guy Verhofstadt avait convié la presse politique à une sortie vélo suivie d’un repas dans un restaurant du brabant wallon. Beaucoup de collègues s’étaient contentés de la deuxième partie du programme. Nous n’étions qu’une dizaine d’inconscients à nous risquer à prendre la roue du premier ministre, visiblement désireux de monter à « ses journalistes » sa supériorité physique. Avec deux collègues de RTL nous n’avons pas tenu 500 mètres. Le premier ministre s’est envolé, et passée la première côte, n’était déjà plus visible pour nous. Bénédicte Vaes, sportive exemplaire, fût la seule à ne pas être décrochée. Le premier, surpris, lui rendit d’ailleurs un hommage vibrant ce soir là.
La maladie fût plus forte qu‘un premier ministre surentraîné. Bénédicte, malgré sa combativité, et elle n’en manquait pas, a perdu son dernier sprint. Les propos de son compagnon, Claude Demelenne et de ses collègues du Soir témoignaient ce vendredi matin d’une personnalité à l’exceptionnelle humanité.
26 octobre 2007
22 octobre 2007
Le patron

21 octobre 2007
Les pyromanes
Commençons par le cartel CD&V/NVA. La révélation par Le Soir de la mise hors jeu d’Herman Van Rompuy par ses collègues de parti doit nécessairement inquiéter les francophones. C’est grâce à l’explorateur que l’orange bleue a pu sortir du coma dans lequel elle avait été plongée fin août. On peut bien sûr concevoir qu’il soit nécessaire de « sacrifier » Van Rompuy pour contenter la NVA et les régionalistes du CD&V. On serait dans l’ordre du symbolique. C’est injuste pour l’explorateur, mais Bart De Wever a sans doute besoin d’un scalp à brandir devant ses camarades flamands. S’il s’agit de remettre l’ensemble du compromis en question, en revanche, Yves Leterme serait bien inspiré de siffler la fin de la récréation. Quelque soit le statut du document final (« note Milquet » ou « projet Van Rompuy », approuvé ou pas) celui-ci avait le mérite de délimiter un cadre de travail et les grandes étapes des réformes à venir, et c’est bien autour de ce document que les négociateurs ont conclu à « suffisamment de convergences » pour reprendre les négociations. Le remettre en cause aujourd’hui c’est repartir de zéro, trahir la parole donnée et aller dans le décor. Ce lundi, à l’heure des bureaux de parti l’explorateur et ses relais vont devoir avoir 5 minutes de courage politique. L’heure n’est plus aux positionnements musclés, mais à une négociation raisonnable que la population attend depuis trop longtemps. Yves Leterme doit d’abord faire entendre raison à son propre cartel s’il veut avoir l’autorité qu’il revendique sur l’orange bleue.
Mais soyons de bon compte : si l’incendie couve au sein du cartel, les prises de position du FDF doivent également être soulignées. Dans un communiqué ce week end son président Olivier Maingain attise le feu de la maison social-chrétienne flamande. Ce lundi 3 bourgmestres FDF et MR des communes à facilités entendent également mener une partie de leur conseil communal en français : c’est une provocation, et ils le savent bien. On ne discute pas ici du fond de la démarche (après tout il n’est pas absurde que des communes peuplées aux ¾ de francophones puissent se diriger en français) mais bien de la date choisie. La loi impose l’emploi du néerlandais dans les conseils de Flandre (pour rappel les facilités concernent les relations du citoyen avec les administrations, pas le fonctionnement de celles-ci). Remettre en question cette loi à un moment délicat des négociations revient à durcir le ton. Il est difficile d’ imaginer que les négociateurs flamands laisseront passer sans rien dire. Et l’on peut s’interroger sur le degré de participation de Didier Reynders à la manœuvre. Si le président du MR a réellement donné son accord au FDF on pourrait y voir l’indication que sa formation ne croit plus beaucoup dans les chances de l’orange bleue, et qu’il est préférable de ne pas laisser le terrain des intérêts francophones au seul CDH. Dans le cas contraire, et si le FDF va jusqu'au bout de ses déclarations, les lignes rédigées ci dessus à l'intention d'Yves Leterme peuvent s'appliquer également au ministre des finances.
En agissant de la sorte le CD&V et le MR, principaux promoteurs de l’alliance de centre droit, en viennent donc à nous faire douter de la viabilité de leur projet commun. Aux régionalistes du CD&V et aux bourgmestres FDF on serait, à la veille de ce lundi crucial, tenté de rappeler que les pyromanes ne jouent pas sans danger avec les allumettes. Craquez celles que vous avez en main, messieurs, revient à incendier l’orange bleue. Et à prendre le risque de nous faire passer d’une crise politique à une crise de régime.
20 octobre 2007
Trucs et ficelles de la négociation
17 octobre 2007
De l'importance du texte

A 14 heures, reprise des négociations : Joëlle Milquet et Didier Reynders campent sur leurs positions. Avec force. Je me lance dans le reportage sans savoir qui dit vrai. Comme les acteurs y mettent du leur cela devient aussi passionnant qu’un France-Nouvelle Zélande. En milieu d’après midi le doute est plus que permis : un SMS m’indique que Tony Van Parys, négociateur CD&V aurait la même lecture que Reynders. Mais quelques minutes plus tard Patrick Dewael (vld) confirme la version de Joëlle Milquet… Il faut donc attendre le texte. Celui-ci sera distribué vers 18 heures. Il reste deux,trois coquilles, mais cela permet d’y voir enfin clair. Joëlle Milquet avait raison. Fin de l’incident.
Pourquoi je vous raconte tout çà ? Par souci de transparence, (c’est l’objectif de ce blog) et pour me rappeler à moi-même qu’une déclaration, quelque soit le crédit de celui qui la prononce et sa force de conviction, ne vaut pas une version écrite. On demandera donc au formateur de veiller désormais à la diffusion publique des documents. Et on en retiendra que l’orange bleue peine toujours, malgré ses accords, à trouver une vision commune…
14 octobre 2007
Leterme entre VLD et CDH
Dans ce travail de traduction (il s’agit d’interpréter en politiques concrètes des résultats électoraux) l’open VLD et le CDH semblent s’opposer frontalement. Il faut reconnaître que l’accord immigration a permis aux deux formations de trouver un compromis acceptable et défendable par tous (chacun a pu apposer sa marque et le faire savoir). Cela semble plus délicat sur la justice et la sécurité, et Joëlle Milquet, Bart Sommers et Patrick Dewael sont à nouveau en première ligne.
Si les libéraux flamands et les centristes francophones s’opposent c’est bien pour une question de programme. Sur une échelle droite-gauche, le VLD est le parti le plus à droite de la coalition, le CDH le plus à gauche : CD&V et MR se retrouvent en position d’arbitre et ils ont jusqu’à présent plutôt consenti à se ranger du côté droit, isolant Joëlle Milquet. On peut parier que cela ne sera pas le cas sur tous les dossiers ( pour la santé, par exemple, il faudra suivre ce que le MR dit des fameux 4,5% d’augmentation annuels).
12 octobre 2007
Leterme voit la RTBF... en deux temps
11 octobre 2007
Lecture

09 octobre 2007
Discours syndical

Pendant ces même 13 heures, les journalistes politiques (nous étions une douzaine) patientaient sur le trottoir, mangeaient un sandwich debout sur le capot de la voiture, et allaient de temps un autre faire un tour dans le parc royal pour des raisons que vous pouvez imaginer. Alors bien sûr, nous ne nous plaignons pas. Guy Verhofstadt nous a d’ailleurs habitué à ces conditions de travail, et cela fait quand même huit ans que cela dure. En plus ce lundi soir la météo étaient clémente : pas de pluie et une moyenne de 13 degrés, et j’étais entouré de plein de collègues sympathiques. Mieux même : les chauffeurs des négociateurs VLD ont même fait un saut jusqu’au cabinet Dewael pour ramener à la presse deux litres de café chaud (merci à eux). Mais quand même : l’orange bleue peut-elle imaginer mettre à la disposition des journalistes les jours de pluie une salle (avec vue sur la sortie des ministres puisque c’est pour cela que nos employeurs nous envoient sur place), des chaises, un accès aux toilettes et même (là je pousse un peu sans doute) des bouteilles d’eau ? Après 121 jours de patience, c’est trop demander ?
06 octobre 2007
Du jus et des pépins
Vendredi soir on pouvait être à moitié rassuré sur ce second point. Le formateur réunissait dans une véritable ambiance de travail les 12 négociateurs de l’orange bleue. Autour de la table ronde installée dans les salons de la présidence de la chambre (merci Herman) les visages semblaient souriants. Yves espérait même un accord sur le chapitre immigration de son futur accord de gouvernement… il devra finalement attendre lundi, mais l’orange bleue ne fait plus du surplace, ce qui est déjà, le jour des 47 ans du formateur, un motif de satisfaction.
Côté pépins, la publication de la « non-note » des travaux de l’explorateur, figurera sans doute en bonne place dans la rétrospective des négociations.
Il faut relativiser la portée de la fuite :
- les négociateurs (Didier Reynders en tête) ont suffisamment dit qu’ils n’étaient pas liés par le document, écrit par Joëlle Milquet et sur lequel ils n’ont pas marqués leur accord.
- l’essentiel du contenu était connu dès la semaine dernière (l’auteur de ce blog en donnait les grandes ligne lors d’un duplex samedi soir, et la presse écrite avait déjà beaucoup écrit sur le sujet) il n’y donc pas de « scoop majeur » susceptible de faire chavirer une embarcation qui vient à peine de se risquer à quitter le port.
Cela reste malgré tout un beau coup pour la Libre, qui publie le document (Le soir en propose un résumé ici) et cela doit surtout amener le formateur à s’interroger.
Parmi les 12 convives à table vendredi, il y en a au moins un qui trouve plus d’intérêt à divulguer la note (pour affaiblir ses partenaires, contrarier l'informateur ou renforcer ses liens avec un/une journaliste, coup double voir triple) qu’à créer un climat de confiance.
03 octobre 2007
Au travail

Sur suggestion des francophones, le patron du CD&V a même entamé un « tour de rédactions francophones », histoire d’essayer de modifier son image. Une nouvelle donne ?
01 octobre 2007
www.ruedelaloi.info
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Elio raille l'orange bleue
Ceci n'est pas un accord

Ce lundi le président du MR affirme même devant les caméras que le texte n’émanait pas de l’explorateur. Formellement exact : le document était rédigé par Joëlle Milquet… mais il a bien été débattu en plénière et amendé à plusieurs reprises. En termes de droits d’auteurs on pourrait sans doute plaider l’œuvre collective même si personne ne veut y apposer sa signature.
Ce lundi soir deux versions s’affrontent. Lecture optimiste : s’il n’y a pas formellement d’accord sur le texte, celui reste néanmoins la base tacite qui permet de reprendre les discussions et le CD&V ne serait pas assez intrépide pour relancer le formateur sans la garantie de parvenir à un résultat.
Version pessimiste : Herman Van Rompuy, sous pression et découragé, n’avait pas d’autres choix que de jeter l’éponge et a donc cherché et trouvé une porte de sortie élégante… mais, sur le fond, on recommence à zéro.